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Article: Référendum constitutionnel : scores staliniens, participation fantaisiste, absence de soirée électorale… quand l’élection tourne à la mascarade

Gabon 2025
démocratie

Référendum constitutionnel : scores staliniens, participation fantaisiste, absence de soirée électorale… quand l’élection tourne à la mascarade

Hier, les Gabonais étaient censés se rendre aux urnes pour voter lors du référendum constitutionnel. Mais ce qui devait être un exercice démocratique devant changer l’avenir du pays s’est transformé en une parodie d’élection, laissant place à une profonde vague de scepticisme et de mécontentement palpable dès le soir même. Entre manipulations flagrantes et organisation douteuse, ce scrutin pourrait bien entrer dans les annales comme l’un des plus controversés du pays voire du continent.

 
Une opacité sans précédent


D’abord, il y a l’absence totale de couverture médiatique crédible. Contrairement aux scrutins précédents où des plateaux télévisés et des soirées électorales permettaient aux citoyens de suivre les résultats, cette fois, le silence était assourdissant. Silence. Pas de débats, pas de sondages de sortie des urnes, ni même d’explications officielles sur la méthodologie utilisée pour compter les votes.


Le coup de grâce ? La chaîne Gabon24, sous la coupe de Laetitia Ngalibika, très « proche » du président Oligui, a annoncé un taux de participation de 71 % dès 17h, bien avant la fermeture des bureaux de vote. Sans dépouillement ni sondages crédibles, sur quelles données se basait cette estimation reprise par tout le monde ? Mystère total.

 
Des résultats statistiquement impossibles

 
Si le manque de transparence est une chose, les chiffres annoncés sont carrément risibles. Plusieurs bureaux de villes et de villages, notamment dans le Haut-Ogoué mais également ailleurs, voire ci-dessous – affichent des taux de participation ET de « oui » atteignant 100 %. Sérieusement, 100 %, sur plusieurs centaines de votes ? Ce chiffre est improbable dans n’importe quel cas de figure, et dans le contexte gabonais, c’est carrément absurde.

 
Ajoutons à cela les bureaux de vote déserts, documentés par des photos diffusées sur les réseaux sociaux tout au long de la journée comme le faisait remarquer ’ancien premier ministre Billie By Nzé. Cela défie toute logique et accentue le fossé entre le gouvernement, les médias du gouvernement, et la population, déjà profondément méfiante.


Une diaspora où le non l’emporte


Etonamment, là où la garde républicaine et les troupes du CTRI n’ont aucune influence, c’est-à-dire dans les pays démocratiques où la diaspora gabonaise vit, les résultats sont tout autres, et correspondent de manière quasi parfaite à ceux du sondage Opinion Way diffusé cette semaine et censuré par le gouvernement.
En France par exemple, c’est le « Non » qui l’emporte avec plus de 51% des voix. Bien loin des scores staliniens que l’on nous sert au Gabon.


Une transition qui s’effondre

Ironiquement, c’est précisément ce genre de pratiques que la junte militaire promettait d’éliminer après avoir évincé Ali Bongo. En organisant un référendum aussi chaotique et aux résultats aussi peu crédibles, les autorités de transition montrent qu’elles ne valent guère mieux que le régime précédent.


Il ne faut pas oublier que cette constitution promet un régime hyper présidentiel, avec la suppression du poste de premier ministre, le retour au septennat et une concentration des pouvoirs qui dépasse celle de l’ère Bongo.
Les Gabonais se sentent trahis, à juste titre. Ce référendum était censé poser les bases d’une gouvernance transparente et inclusive, mais il ne fait que confirmer les pires craintes : une transition démocratique détournée à des fins autoritaires voire dictatoriales. Le Gabon n’en sort pas grandi.
 

 

 

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