Référendum constitutionnel : scores staliniens, participation fantaisiste, absence de soirée électorale… quand l’élection tourne à la mascarade
Hier, les Gabonais étaient censés se rendre aux urnes pour voter lors du référendum constitutionnel. Mais ce qui devait être un exercice démocratique devant changer l’avenir du pays s’est transformé en une parodie d’élection, laissant place à une profonde vague de scepticisme et de mécontentement palpable dès le soir même. Entre manipulations flagrantes et organisation douteuse, ce scrutin pourrait bien entrer dans les annales comme l’un des plus controversés du pays voire du continent.
Je suis mort de rire 🤣😂🤣, quelle province magnifique😅#référendum241 pic.twitter.com/Ib2obO6YEO
— Klins-J (@KlinsJhonson) November 16, 2024
Une opacité sans précédent
D’abord, il y a l’absence totale de couverture médiatique crédible. Contrairement aux scrutins précédents où des plateaux télévisés et des soirées électorales permettaient aux citoyens de suivre les résultats, cette fois, le silence était assourdissant. Silence. Pas de débats, pas de sondages de sortie des urnes, ni même d’explications officielles sur la méthodologie utilisée pour compter les votes.
En tout cas, c'est eux qui donnent les chiffres.
— Lord of Nkoltang (@Observateurfang) November 16, 2024
Même s'ils disent 100%, ce seront les chiffres officiels 😅😅😅 https://t.co/7VkPpZ1PDD
Le coup de grâce ? La chaîne Gabon24, sous la coupe de Laetitia Ngalibika, très « proche » du président Oligui, a annoncé un taux de participation de 71 % dès 17h, bien avant la fermeture des bureaux de vote. Sans dépouillement ni sondages crédibles, sur quelles données se basait cette estimation reprise par tout le monde ? Mystère total.
Bordeaux
— Nowè (@Akewuani) November 16, 2024
Non 58,13% / 75 voix
Oui 40,31% / 52 voix
Nuls 1,55% / 2 voix#Constitution241 #Gabon https://t.co/Nz3pUasnw4
arrêtez votre mascarade tout le monde dit que les bureaux de vote étaient deserts pic.twitter.com/1Kl6FNNrP6
— Séraphine Mavoungou (@serafinevg) November 16, 2024
Des résultats statistiquement impossibles
Makaya vous avait prévenu. Les hommes changent, pas le système. Comme sous Ali Bongo, le Haut-Ogooué est le laboratoire des manipulations électorales. #Gabon pic.twitter.com/4VwCFHyIFQ
— Moi MAKAYA (@Moi_Makaya) November 17, 2024
Si le manque de transparence est une chose, les chiffres annoncés sont carrément risibles. Plusieurs bureaux de villes et de villages, notamment dans le Haut-Ogoué mais également ailleurs, voire ci-dessous – affichent des taux de participation ET de « oui » atteignant 100 %. Sérieusement, 100 %, sur plusieurs centaines de votes ? Ce chiffre est improbable dans n’importe quel cas de figure, et dans le contexte gabonais, c’est carrément absurde.
Il y a des coins au Gabon où on ne trouve que des Avengers, Justice League, 4 Fantastics, X-Men ... Zéro absent, zéro malade, zéro empêchement quelconque, zéro bulletin nul, zéro dissident 🤣😂 pic.twitter.com/QX1MrWLwA1
— OVENG Ndoum'Obame (@richie_ndomez) November 16, 2024
Ajoutons à cela les bureaux de vote déserts, documentés par des photos diffusées sur les réseaux sociaux tout au long de la journée comme le faisait remarquer ’ancien premier ministre Billie By Nzé. Cela défie toute logique et accentue le fossé entre le gouvernement, les médias du gouvernement, et la population, déjà profondément méfiante.
Une diaspora où le non l’emporte
Référendum constitutionnel du Gabon : Le NON l’emporte avec 51,35 % en France ! https://t.co/xOwDhQQOhA #Gabon #referendum #constitution #resultats #CTRI
— Info241.com (@Info241_) November 17, 2024
Etonamment, là où la garde républicaine et les troupes du CTRI n’ont aucune influence, c’est-à-dire dans les pays démocratiques où la diaspora gabonaise vit, les résultats sont tout autres, et correspondent de manière quasi parfaite à ceux du sondage Opinion Way diffusé cette semaine et censuré par le gouvernement.
En France par exemple, c’est le « Non » qui l’emporte avec plus de 51% des voix. Bien loin des scores staliniens que l’on nous sert au Gabon.
Paris aussi loin des manipulateurs le non est devant… et on nous annonce des 100% pour le Ouj au pays https://t.co/66ocgG0B8z
— Fleur de Miranda 👑 (@fleur_miranda) November 16, 2024
Une transition qui s’effondre
Ironiquement, c’est précisément ce genre de pratiques que la junte militaire promettait d’éliminer après avoir évincé Ali Bongo. En organisant un référendum aussi chaotique et aux résultats aussi peu crédibles, les autorités de transition montrent qu’elles ne valent guère mieux que le régime précédent.En y réfléchissant bien, peut-être que le Haut-Ogooue avait vraiment fait 99,98% en 2016.🤔
— 𝗔𝗻𝗱𝗿𝗲𝘆 𝗥𝗼𝘁𝗼𝗻𝗱𝗼 (@RotondoAndrey) November 17, 2024
C’est nous qui prenions Ali pour un menteur. Les gens le soutiennent là-bas.😂
Il ne faut pas oublier que cette constitution promet un régime hyper présidentiel, avec la suppression du poste de premier ministre, le retour au septennat et une concentration des pouvoirs qui dépasse celle de l’ère Bongo.
Les Gabonais se sentent trahis, à juste titre. Ce référendum était censé poser les bases d’une gouvernance transparente et inclusive, mais il ne fait que confirmer les pires craintes : une transition démocratique détournée à des fins autoritaires voire dictatoriales. Le Gabon n’en sort pas grandi.
Selon des sources sur le terrain dans le Haut-Ogooué, le CTRI a organisé des votes par procuration pour toutes les personnes qui étaient absentes à leur insu. #Gabon #Référendum pic.twitter.com/FSrn9ryhzV
— Moi MAKAYA (@Moi_Makaya) November 17, 2024
Le problème ne se résume à l’Estuaire ou la diaspora, mais plutôt à un taux anormalement élevé dans des zones spécifiques du pays.
— Jamel Nkebassani (@Jamelnkebassani) November 17, 2024
Exemple : Mpaga Village dans le canton Ogooué(G8), 250 habitants à l’année, 3000 inscrit, 3000 votants.
Comment peux-t-on atteindre des taux de… https://t.co/gtVC4XFWpG