Référendum au Gabon : un jour de scrutin entre corruption et manipulation
Un référendum au Gabon où le "oui" se pare de vert et de billets, tandis que le "non" se noie en rouge.
Aujourd'hui, le Gabon vit un moment censé marquer sa transition politique : le référendum constitutionnel. Si sur le papier cet exercice démocratique semble noble, en réalité, les ficelles sont tirées avec une habileté qui frise l'art de la prestidigitation.
Entre des enveloppes de milliers de francs CFA discrètement distribuées dans les poches des électeurs, et des couleurs habilement choisies pour influencer l'inconscient collectif, tout semble être fait pour que le "oui" triomphe sans conteste. Une leçon de démocratie ou de manipulation ? Plutôt la seconde option, à en croire deux exemples flagrants de stratagèmes qui font débat.
Vote « oui » contre « perdiems » : une corruption assumée
Après le #bavardage justifiant le oui.. le #partage des #perdiems pour le #référendum #Woleu #CantonNye #WoleuNtem #Gabon pic.twitter.com/hwYJdQixS1
— MPAGM (@Mpagm2014) November 16, 2024
Les réseaux sociaux s'enflamment : une vidéo largement partagée montre des électeurs recevant des espèces sonnantes et trébuchantes après avoir assisté à un meeting en faveur du "oui". Baptisés pudiquement "perdiems", ces enveloppes ont en réalité tout du pot-de-vin électoral. Le schéma est simple : convaincre par des promesses d’un avenir radieux, puis consolider cette "conviction" par un geste monétaire immédiat. Twitter est inondé de témoignages corroborant cette pratique.
La technique, si immorale soit-elle, n'est pas nouvelle dans l'arsenal des stratégies électorales sur le continent. Pourtant, son omniprésence lors de ce référendum gabonais démontre une chose : le camp du "oui" ne recule devant rien pour s'assurer un vote favorable. Car, au-delà des discours enflammés, l'argent reste un levier puissant dans un pays où les inégalités sociales sont criantes.
Oui en vert, non en rouge : on a vu des manipulations plus subtiles…
Autre élément de manipulation, moins direct mais tout aussi efficace : le choix des couleurs des bulletins de vote. Le "oui" s'affiche en vert, une couleur associée au positif, à l'espoir, à la nature et à l'avenir. En face, le "non" se retrouve affublé d'un rouge agressif, symbole du danger, de l'interdit et parfois même de la colère ou de la violence. Il ne faut pas être psychologue professionnel pour comprendre l’impact de cette dichotomie sur les électeurs.
C'est comme demander : "Choisissez-vous la lumière du vert ou le gouffre du rouge ?" En jouant sur les codes inconscients des couleurs, les initiateurs de ce stratagème s'assurent que même les indécis pencheront pour le "oui". Une manipulation qui, bien que subtile, en dit long sur les intentions véritables derrière ce référendum.