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Article: Oligui lancé dans une traque aux activistes : quel avenir pour la contestation au Gabon ?

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Oligui lancé dans une traque aux activistes : quel avenir pour la contestation au Gabon ?

Le Gabon, dirigé par Brice Clotaire Oligui Nguema depuis son coup d’État en août 2023, s’enlise dans une spirale répressive. Alors que le ministère de la Justice, par la voix de Paul-Marie Gondjout, annonçait hier 9 décembre des « poursuites judiciaires contre les activistes de la diaspora » qui séviraient sur internet, les signes d’un régime en proie à l’intolérance et à la fébrilité s’accumulent. Ces activistes, accusés de diffamation et d’insultes sur les réseaux sociaux, voient leur liberté d’expression désormais criminalisée. Cette mesure, qui cible avant tout des voix critiques vivant à l’étranger, met en lumière un pouvoir incapable d’affronter la contradiction et préférant museler la contestation.


Les réseaux sociaux dans le viseur du régime


Avec cette déclaration, le régime d’Oligui Nguema s’attaque directement aux réseaux sociaux, derniers espaces libres pour les Gabonais désireux de s’exprimer sur les dérives du pouvoir. Ces plateformes, pourtant essentielles pour un débat démocratique, sont désormais assimilées à des foyers de subversion. Paul-Marie Gondjout justifie ces mesures en accusant les activistes de propager des propos « diffamatoires » et « injurieux », mais cette répression dépasse largement le cadre légal.


Rappelons que la loi gabonaise, comme la plupart des législations modernes, prévoit déjà des sanctions pour des abus tels que la diffamation ou l’incitation à la haine. Mais en brandissant la menace de poursuites judiciaires contre des citoyens critiques, le régime affiche une volonté de criminaliser toute forme de contestation. Cela trahit une posture de fragilité, où l’autorité se perçoit comme menacée par des critiques qu’elle ne peut ni contrer, ni tolérer.


Un contraste saisissant avec l’image travaillée à l’international

Ces dérives surviennent alors même qu’Oligui Nguema cherche à se donner une image respectable sur la scène internationale. Sa récente visite à Paris, où il a été reçu par Emmanuel Macron à la cathédrale Notre-Dame, soulève des questions profondes. Comment la France, pays des droits de l’homme, peut-elle se permettre de soutenir tacitement un régime qui piétine les libertés fondamentales ?

 


Ce contraste est d’autant plus saisissant que l’homme fort de Libreville s’était engagé, dès son arrivée au pouvoir, à restaurer la démocratie et à garantir les droits civils. Mais la répression accrue des voix dissidentes, notamment des activistes de la diaspora, révèle un double discours : d’un côté, la rhétorique de la démocratie pour plaire à l’international ; de l’autre, une gouvernance autoritaire et intolérante envers son propre peuple.


Une trajectoire inquiétante pour le Gabon


Le raidissement du régime ne laisse rien présager de bon pour l’avenir politique du pays. En criminalisant les activistes, en restreignant la liberté d’expression et en concentrant les pouvoirs autour de son cercle rapproché, Oligui Nguema s’aligne davantage sur les pratiques des régimes oppressifs que sur celles des démocraties modernes.


Cette dynamique autoritaire ne fait qu’amplifier le fossé entre le pouvoir et la population. Les Gabonais, qui avaient nourri l’espoir d’un renouveau démocratique après des décennies de règne Bongo, assistent à la consolidation d’un système répressif où la parole citoyenne est étouffée. Les réseaux sociaux, au lieu d’être des outils de transparence et de participation citoyenne, sont désormais surveillés et menacés.


Le meilleur moyen de donner raison aux détracteurs

Dans un contexte où les critiques, qu’elles viennent de l’intérieur ou de l’extérieur, sont systématiquement perçues comme des attaques, le régime d’Oligui Nguema se fragilise lui-même. Car un pouvoir qui refuse le dialogue et la contradiction se condamne à gouverner dans la peur, toujours plus isolé de son peuple et de ses aspirations.

Le Gabon mérite mieux qu’un régime crispé sur sa survie politique. Les alliés internationaux, à commencer par la France, ont une responsabilité morale : celle de rappeler au chef de l’État gabonais que la légitimité politique ne se mesure pas à la force de la répression, mais à la capacité d’écouter et de servir son peuple. Et en agissant de la sorte, Brice Oligui ne semble pas se rendre compte d’une évidence : il donne pleinement raison aux « activistes » qui le critiquent et qu’il aimerait faire taire.

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