GABON : LA CHASSE AUX SORCIÈRES VERSION 2.0 ? LES FEMMES EN LIGNE DE MIRE
La transition gabonaise, censée être une étape vers la réconciliation et la justice, semble se transformer en un champ de bataille où les femmes sont devenues les cibles privilégiées. Derrière le rideau d’une prétendue croisade anticorruption, un tableau bien sombre se dessine : arrestations arbitraires, détentions abusives et un traitement réservé à celles qui osent – ou simplement, ont le malheur d’être associées aux « ennemis » du régime. Décryptage d’une dérive politique qui choque l’Afrique.
#Gabon Une plainte à Paris contre les conditions de détention des Bongo https://t.co/2h2zbC2K1H
— Clément Boursin (@ClementBoursin) November 22, 2024
"Parmi les personnes visées par cette action se trouvent des militaires de l’entourage du Président du Gabon"
Les femmes dans la ligne de mire : l'affaire Opiangah en point d’orgue
La victoire d’Oligui Nguema au référendum avec 92% de « Oui » à sa réforme constitutionnelle qui le sacre président de fait pour les 14 prochaines années a ouvert la voie à une vague d’arrestations de personnalités proches du pouvoir déchu. Si le cas d’Hervé Patrick Opiangah – ancien allié devenu ennemi juré – fait la une des journaux, c’est l’arrestation de Lucie Opiangah, son épouse, qui illustre l’ampleur de cette chasse aux sorcières. Le message est clair : nul n’est à l’abri, pas même les familles.
Et que dire de Maître Gey, notaire d’Opiangah, désormais dans les geôles de la transition ? On assiste à une criminalisation rampante des professions judiciaires, mais surtout à une instrumentalisation des femmes comme moyens de pression contre leurs proches masculins. Ces arrestations ne relèvent plus de la justice, mais bien d’un théâtre où les victimes sont exhibées pour leur lien, réel ou supposé, avec des figures ciblées.
Sylvia Bongo : le symbole d'une dérive répressive
L’arrestation de Sylvia Bongo l’an dernier, aux côtés de son fils Noureddine Bongo, a marqué un tournant dans la politique répressive du régime. Accusée de tous les maux – de l’enrichissement illicite à des complots imaginaires – Sylvia Bongo croupit en détention sans procès, un traitement digne des heures les plus sombres de l’histoire autoritaire mondiale. Des rapports évoquent des actes de torture infligés par la garde présidentielle, renforçant l’image d’une justice qui, au Gabon, semble dictée par l’arbitraire et la vengeance.MDR!!Je ne cautionne la violence sous aucune forme!Mais,ce qui me faire rigoler avec certaines personnes au Gabon,c'est que tant qu'une problématique ne vous touche pas directement,vous ne vous sentez JAMAIS concerner!Jusqu'au jour OÙ...😂🤣Et c'est bien ça le problème!!!#Gabon https://t.co/LBjojekK9O
— TYSUNG (@TYSUNG7) November 27, 2024
Ce cas emblématique ne se limite pas à l’ex-première dame. Les arrestations massives de femmes dans des affaires parfois montées de toutes pièces révèlent une volonté de démanteler méthodiquement les réseaux liés à l’ancien régime, sans distinction entre acteurs principaux et simples proches. Une stratégie brutale qui choque, d’autant plus qu’elle vise un groupe historiquement respecté sur le continent.
Violence envers les femmes, un précédent inquiétant pour l’Afrique
Traditionnellement, en Afrique, même les dictatures les plus dures hésitent à cibler les femmes de manière aussi frontale. Ce respect culturel semble désormais foulé aux pieds au Gabon. Le traitement réservé à ces femmes – souvent emprisonnées sans procès, parfois torturées – est une insulte non seulement à la dignité humaine, mais aussi à des valeurs profondément enracinées dans les sociétés africaines.
Derrière cette répression, une question brûlante se pose : Oligui Nguema se rend-il compte de l’image qu’il projette ? Alors que le Gabon prétend se réinventer sur la scène internationale, ces pratiques donnent au contraire l’image d’un régime en perte de contrôle, prêt à écraser toutes les oppositions, y compris féminines, pour s’imposer.
L’arrestation des femmes marque aussi un tournant symbolique. Celles-ci ne sont plus simplement spectatrices des conflits politiques ; elles en deviennent les premières victimes. Au lieu de bâtir un avenir inclusif, le régime semble vouloir instaurer un climat de terreur, un précédent qui pourrait inspirer d’autres régimes autoritaires.
Oligui Nguema, en voulant asseoir son autorité, pourrait bien déclencher une révolte inattendue. Car si l’histoire africaine a une leçon à enseigner, c’est que toucher aux femmes d’une société, c’est jouer avec son âme.
Personne n’est au-dessus des lois et personne ne devrait être soumis à la torture. La séquestration de Sylvia et Noureddine Bongo depuis le coup d’état, sans cadre légal ni aucun accès à l’extérieur, est d’une cruauté d’un autre âge. Nous connaissons les noms des tortionnaires,… https://t.co/iFLAZgVIVF
— Zimeray&Finelle Avocats (@zimerayfinelle) November 22, 2024