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Article: BGFIBank / Delta Synergie : racket déguisé en réforme, ou continuité de la purge ?

Gabon 2025
afrique

BGFIBank / Delta Synergie : racket déguisé en réforme, ou continuité de la purge ?

Le Gabon sous Oligui : entre purge politique et scandales économiques, la stratégie prise de contrôle de BGFIBank suscite incompréhension et colère.

Décidément, le Gabon n’en finit pas d’être secoué par des affaires où intrigues politiques et intérêts économiques se mêlent dans un brouillard épais de scandales. Dernier épisode en date : la prise de contrôle de BGFIBank, où l’implication directe d’Oligui Nguema et son entourage éclaire d’un jour troublant le fonctionnement opaque de la transition. Un échange de « parts sociales » contre des avantages fiscaux et un abandon de poursuites ? On n’est pas loin du racket institutionnalisé.

Delta Synergie : de la puissance à l'abandon forcé ?

La première bombe de ce feuilleton retentit avec Delta Synergie, ce conglomérat lié à la famille Bongo, détenteur d’une part substantielle du capital de BGFIBank. Sous la pression du général-président Oligui, ces parts sociales seraient rétrocédées contre une immunité judiciaire et un crédit d’impôt des plus généreux. En clair : cédez vos parts, on oublie tout, et en prime, vous êtes exonérés d’impôts. Ce « deal » surprend autant qu’il scandalise, tant il semble bâti sur des bases qui défient toute logique légale et morale.

Que penser d’un État qui propose de laver les péchés financiers d’un conglomérat privé en échange de son patrimoine stratégique ? Cette manœuvre, qui ressemble davantage à une prise d’otage qu’à une réforme économique, fait grincer des dents. Si Delta Synergie était effectivement coupable de malversations, comment justifier qu’on lui offre une telle porte de sortie ? Et si elle ne l’était pas, pourquoi cette pression indécente pour qu’elle cède ses parts ?

BGFIBank, l’enjeu stratégique de tous les appétits

Au cœur de l’affaire, il y a BGFIBank, mastodonte bancaire et colonne vertébrale de l’économie gabonaise. L’objectif de cette opération est clair : prendre le contrôle de l’institution pour en faire un levier de pouvoir économique et politique. Et dans ce bras de fer, Henri-Claude Oyima, PDG de la banque et homme fort du secteur financier, se retrouve en ligne de mire.

Le régime d’Oligui semble déterminé à continuer dans son appétit sans bornes, et Oyima en paie le prix. Après avoir survécu à plusieurs purges internes, il est désormais accusé d’être le verrou à faire sauter pour ouvrir les vannes du contrôle total. Mais la méthode interpelle : à quoi bon prendre BGFIBank si c’est pour y injecter la confusion et la méfiance des investisseurs internationaux ? Le Gabon joue-t-il ici à un jeu où il risque de perdre plus qu’il ne gagne ?

Un racket institutionnalisé : le règne de l'arbitraire

Ce qui choque dans cette affaire, c’est l’arbitraire absolu avec lequel Oligui, via son homme de main Duro, semble mener ses affaires. Après avoir liquidé l’ancien régime à travers des arrestations et des purges politiques, la méthode s’exporte désormais dans le domaine économique. Cela se ressent d’autant plus alors qu’Hervé Patrick Opiangah est actuellement recherché dans tout le pays.

Offrir des avantages fiscaux exorbitants à une société comme Delta Synergie, sous prétexte de récupérer ses parts dans BGFIBank, revient à envoyer un signal clair à tous les investisseurs : le Gabon est une jungle où la loi s’écrit au gré des intérêts du moment. Et ce, au mépris des conséquences sur l’économie nationale.

Cette stratégie de gouvernance par le chaos ne fait qu’isoler davantage le pays sur la scène internationale. Les grandes institutions financières observeront-elles longtemps ce jeu dangereux sans réagir ? Ce qui se joue ici dépasse le simple cadre d’un transfert de parts sociales : c’est l’image même du Gabon comme terre d’investissement qui est en train de s’effondrer.

En s’attaquant à Delta Synergie et BGFIBank, Oligui Nguema continue son entreprise de déconstruction de l’ancien régime, mais cette fois-ci, en poussant l’État dans des zones d’ombre dangereuses. Ce qui aurait pu être une opération de nettoyage économique s’apparente de plus en plus à une tentative de mainmise personnelle sur les ressources du pays.

Jusqu’où ira ce règne de l’arbitraire ? Une chose est sûre : ce n’est pas en rackettant les acteurs clés de son économie que le Gabon trouvera le chemin de la stabilité et de la prospérité.

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