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Article: DES OISEAUX ET DES HOMMES : QUAND RFI VOLE AU SECOURS D’OLIGUI NGUEMA

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DES OISEAUX ET DES HOMMES : QUAND RFI VOLE AU SECOURS D’OLIGUI NGUEMA

Crise politique, économie en ruine, mais RFI préfère parler des oiseaux d’Ali Bongo. Tentative de diversion ou stratégie d’oubli ?

Le Gabon vit des moments particuliers. Une transition politique chaotique, une économie en pleine déroute, des purges politiques à répétition, et une population à bout de souffle. Mais que choisit de mettre en avant Radio France Internationale dans son dernier reportage ? Les oiseaux d’Ali Bongo ! Une « collection » privée qui aurait été volée chez l’ancien président. De quoi interroger : pourquoi ce sujet, et surtout pourquoi maintenant ?

Quand le drame devient anecdotique

Le Gabon traverse l’une des périodes les plus troublées de son histoire récente. Entre une constitution bricolée à la hâte, des élections référendaires qui font débat, et une économie qui chancelle sous le poids des scandales et de l’incertitude politique, le pays s’enfonce dans une crise systémique.

Pourtant, au lieu de creuser ces sujets cruciaux, RFI décide de nous distraire avec une enquête sur la disparition d’une poignée d’oiseaux exotiques appartenant à Ali Bongo. Loin de relativiser l’importance des questions environnementales ou du patrimoine, il est tout de même difficile de ne pas voir dans ce choix éditorial une tentative grossière de détourner l’attention des vrais problèmes du pays.

Car soyons honnêtes : qui, au Gabon, se préoccupe des perroquets d’Ali quand le prix des produits de première nécessité flambe, que les arrestations arbitraires se multiplient, et que l’avenir du pays reste suspendu à des décisions opaques prises dans les hautes sphères de Libreville ?

Ali Bongo, le parfait épouvantail

Ce n’est pas la première fois qu’Ali Bongo revient sous les feux des projecteurs depuis sa destitution en août 2023. Entre la mise en lumière de son train de vie et les procès intentés contre ses proches, l’ancien président semble être devenu l’alibi parfait pour expliquer tous les maux actuels du Gabon.
Et si l’objectif de cet article sur les oiseaux était justement de remettre une fois de plus le nom d’Ali Bongo au centre de l’attention, non pour le réhabiliter, mais pour mieux justifier les actions de l’actuel pouvoir ? En ressassant les frasques de l’ancien président, on détourne l’attention de l’échec flagrant de la transition menée par Oligui Nguema. Car dans ce théâtre médiatique, plus on pointe du doigt l’ancien régime, plus on permet au général-président de se poser en sauveur, en réparateur des erreurs du passé.

Une diversion qui en dit long

Pendant que RFI s’interroge sur le sort des aras et autres toucans de luxe, les Gabonais, eux, s’interrogent sur des questions bien plus fondamentales :
Pourquoi la transition est-elle marquée par une purge politique sans précédent, où même des figures féminines comme Sylvia Bongo ou Lucie Opiangah se retrouvent arbitrairement arrêtées ?
Comment expliquer que l’économie, déjà fragile sous Bongo, semble désormais à l’agonie sous Oligui ?
Où est passée la promesse de réconciliation et de justice après la transition ?

En s’attardant sur des détails aussi futiles que des oiseaux volés, RFI joue le jeu dangereux d’une élite politique qui cherche à diluer la colère populaire et à masquer ses propres dérives. Une stratégie médiatique qui consiste à distraire pour mieux diviser et confondre.

Le peuple gabonais mérite mieux. Mieux que des articles sur des perroquets, mieux que des dirigeants qui s’accrochent à un pouvoir acquis par la force, et mieux que des médias internationaux qui semblent complices de ces diversions.
Car si les oiseaux d’Ali sont une anecdote, le Gabon, lui, est une tragédie. Il est temps que les projecteurs se tournent enfin vers ceux qui souffrent et vers les vrais enjeux de ce pays en quête de justice et de dignité.

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