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Article: La politique économique d’Oligui Nguema : entre promesses et contradictions

Gabon 2025
afrique

La politique économique d’Oligui Nguema : entre promesses et contradictions

À la rédaction de Gabon2025, nous recevons des témoignages et observons des échanges passionnés sur les réseaux sociaux qui mettent en lumière les incohérences de la politique économique du gouvernement de transition. À travers des annonces massives d’embauches, des promesses d’un secteur privé plus dynamique et l’attribution des marchés publics, le président de transition multiplie les engagements contradictoires qui interrogent. Quels sont les véritables objectifs derrière ces mesures ? Examinons plusieurs axes majeurs de ces paradoxes.

Embauches massives dans la fonction publique : une cure d’obésité en pleine crise

Parmi les annonces phares du président Oligui, celle des 150 000 embauches dans la fonction publique suscite l’étonnement. Cette promesse d’emplois, bien qu’ambitieuse, entre en contradiction avec des réalités bien connues au Gabon : les 10 000 emplois fictifs déjà recensés dans les effectifs, ainsi qu’un taux d’emploi public qui représente près de 40% de l’emploi total dans le pays. Cette politique risque non seulement d’aggraver la dépendance du pays envers un secteur public « obèse », mais aussi de creuser davantage le déficit public, une tendance en opposition directe avec les ambitions affichées de redressement financier de l’État.

Sur le papier, Oligui plaide pourtant pour un soutien au secteur privé, clé de voûte pour toute économie moderne souhaitant libérer son potentiel de croissance. Mais avec une fonction publique dont le coût pèse lourdement sur les finances de l’État, et qui ne répond qu’à une logique d’emplois pléthoriques, comment espérer une relance de la trésorerie nationale ? Les charges salariales de la fonction publique gabonaise sont parmi les plus élevées de la sous-région, laissant peu de marge à des investissements structurels indispensables pour une relance économique saine soutien promis au secteur privé… toujours inexistant

Autre axe de contradiction : Oligui Nguema avait promis de mettre le secteur privé au centre de sa stratégie économique, affirmant vouloir réduire la mainmise du secteur public sur l’économie. Pourtant, dans les faits, cette vision d’une économie gabonaise redynamisée par les entreprises privées semble rester lettre morte. De nombreuses entreprises, notamment dans les secteurs clés comme le bâtiment et les services, continuent d’être dominées par des acteurs étrangers (Burkinabés, Camerounais), tandis que les entrepreneurs gabonais peinent à obtenir des contrats ou des financements pour développer leurs activités .

Alors que le chef de l’État clamait vouloir réduire cette dépendance, il continue de concentrer son action sur l’administration publique, au détriment d’un secteur privé performant. Résultat : les jeunes Gabonais se tournent massivement vers la fonction publique, perçue comme la voie royale, car l'accès aux opportunités du secteur privé leur semble verrouillé. Cette préférence pour la fonction publique devient un frein, accentuant une « fuite des cerveaux » vers d’autres nations africaines, voire l’étranger, dans l’espoir de trouver des débouchés professionnels et financiers qu’ils ne trouvent pas dans leur propre pays.

Marchés publics : des promesses de préférence locale… aux réalités étrangères


Enfin, parmi les engagements d’Oligui Nguema figure la volonté de favoriser les entreprises locales dans l’attribution des marchés publics. L’objectif ? Créer une économie de proximité, où les entreprises gabonaises joueraient un rôle clé dans le développement national. Mais ici encore, les témoignages recueillis et les discussions en ligne pointent une autre réalité : malgré les annonces, la majorité des contrats lucratifs de l’État continuent d’aller à des sociétés étrangères, notamment de nationalité burkinabée, libanaise ou encore marocaine .

Cette préférence aux entreprises étrangères ne fait que renforcer la frustration des entrepreneurs locaux, qui dénoncent un favoritisme et un manque de transparence dans les attributions de marchés. Malgré la promesse de transparence et les réformes pour mieux encadrer ces passations, l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP) peine à mettre en place un cadre réellement équitable. Cela va jusqu’à susciter des questions sur les motivations réelles de cette politique économique, perçue par certains comme une « répartition de la rente » plutôt qu’une refonte économique solide.

 
Entre promesses et actions, l’économie Gabonaise dans l’impasse


À travers ces contradictions, Oligui Nguema semble pris dans un dilemme : s’affirmer comme un réformateur tout en conservant des pratiques issues d’un système ancien. En embauchant massivement dans la fonction publique, il ajoute un poids économique insoutenable. En promettant de dynamiser un secteur privé auquel il ne donne pas les moyens de son développement, il brise la confiance des entrepreneurs gabonais. Quant à l’attribution des marchés, les engagements pris peinent à se concrétiser, renforçant la dépendance du Gabon envers des intérêts étrangers.

 
Alors que les Gabonais espéraient une nouvelle ère de développement et de transparence, cette transition économique laisse plus de questions que de réponses. Les choix du président de transition offrent-ils réellement une alternative au modèle économique hérité du passé, ou ne sont-ils qu’une répétition des mêmes erreurs ?

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