Oligui a-t-il prévu de diffuser le texte de la constitution avant le référendum ?
Le 16 novembre, tous aux urnes, c’est officiel ! « Oui » ou « Non » ? Une question brûle toutes les lèvres : pourquoi les Gabonais n’ont-ils toujours pas accès au texte complet de la nouvelle Constitution ? Nombreux se posent la question sur les réseaux sociaux. Une date de vote et une campagne pour le « Oui » avant même une présentation du texte, n’est-ce pas unique au monde ? Comment voter pour ou contre un document aussi crucial sans en connaître les détails ? Moins d’un mois pour discuter d’un changement si profond, est-ce suffisant ?
Un manque de transparence volontaire ?
Le projet de Constitution, bien que discuté par le gouvernement et les instances politiques, reste dans l’ombre pour la totalité des citoyens qui seront appelés aux urnes. Les autorités ont lancé une caravane de sensibilisation pour encourager la participation des électeurs, ainsi qu’une grande campagne pour le « oui », mais sans que le texte soit intégralement publié. Brice Oligui lui-même déclarait hier que les « Gabonais devaient s’imprégner du texte ». Mais où est ce texte ? Cette absence de transparence soulève des interrogations sur le processus.
Quelles motivations derrière ce silence ?
Plusieurs hypothèses émergent pour expliquer ce flou volontaire :
- Eviter la focalisation sur les points sensibles ? Certains articles controversés, comme le 52 et le 53 figurant dans le premier projet, renforcent le pouvoir présidentiel d’une part (retour du septennat), et imposent des critères d’éligibilité très restrictifs à la présidence (grands-parents gabonais, exclusion des binationaux, etc.), a déjà provoqué un tollé. Le gouvernement semble hésiter à exposer ce genre de mesures discriminatoires à un débat public plus large.
- Impréparation politique ? L’hypothèse de l’impréparation est également à prendre en compte. Le Gouvernement de Transition est-il conscient de ce qu’il demande au peuple Gabonais ? Prendre une décision qui marquera les décennies à venir en quelques jours seulement, sans une explication de texte pédagogique ? Il est déjà trop tard !
- Retarder les critiques ? En retardant la publication, les autorités limitent le temps disponible pour que l’opposition ou la société civile puisse organiser une véritable campagne de contestation, ou un simple débat.
- Dévier la question de fond ? En ne se focalisant pas sur le texte en lui-même mais juste sur un « oui/non » binaire, le gouvernement tente peut-être de faire en sorte que les citoyens se concentrent sur une autre question : « Êtes-vous pour ou contre le Général Oligui », ou bien encore « Voulez-vous en finir avec la Transition ? » (et le couvre-feu…).
Une Constitution surprise ?
Le refus de rendre le texte accessible à la population avant le référendum laisse en tout cas planer le doute sur les intentions réelles du CTRI et du Président. Avec plus de 800 amendements discutés par le parlement de transition, la nouvelle Constitution semble refléter les ambitions d’un régime centré sur un pouvoir exécutif fort, et le retard de publication du texte confirme cette direction.
Le peuple du #Gabon est convoqué le 16 Novembre 2024 pour un Référendum sur sa Constitution. Les gabonais auront le choix entre OUI ou NON.
— J-Erwan Ndông (@ndong_erwan) October 18, 2024
Dès lecture du Projet de Constitution je vais partager ouvertement mon choix ici.#Constitution241
Les Gabonais semblent préoccupés. Sur X, J-Erwan Ndông dit qu’il partagera son avis… Dès lecture du projet. Mais quand ? Telle est la question. Un autre internaute, Val M, semble très préoccupé. Tout d’abord, il déclare que dans un « multiverse », le texte serait disponible au téléchargement, ce qui dans l’univers réel n’est evidemment pas le cas. Il pose ensuite la question de savoir si la constitution sera diffusée officiellement ou si, comme le projet précédent, elle ne sera disponible que sur les canaux « Whatsapp ». Séraphine, une autre Gabonaise ironise, en disant que nous disposerons peut-être du texte, mais après la constitution. Fleur, une autre citoyenne, déclare « On vote, mais on ne sait pas pourquoi. A qui, à quoi ? ». Côté journalistes internationaux, Jessica Taieb de RFI n’oublie pas de préciser « le projet de nouvelle constitution pas encore publié sera soumis à référendum le 16 novembre ».
On devra encore attendre #whatsapp241 ou bien une institution prévoit de la diffuser ? https://t.co/LHx9VeCw3g
— Val M. (@varl_mbarx) October 17, 2024
Les Gabonais seront-ils écoutés, le texte sera-t-il sereinement débattu, ou bien le gouvernement prévoit-il d’entretenir le flou jusqu’au bout ? Une réponse qui interviendra rapidement, vu les délais restreints entre l’annonce de la date et le jour même du référendum.
On vote mais on sait pas pourquoi ! Oui à qui ? A quoi ? https://t.co/K4fpYj64VG
— Fleur de Miranda 👑 (@fleur_miranda) October 18, 2024