Marie Madeleine Mbourantsuo, le «cerveau» derrière la nouvelle constitution d'Oligui
La transition politique au Gabon, pilotée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), prend une tournure de plus en plus étrange. Après l’alliance inattendue avec le PDG, le recyclage des anciens du régime Bongo se poursuit. Au cœur du réacteur, on retrouve Marie Madeleine Mbourantsuo, rédactrice du nouveau projet de constitution qui sera soumis au vote populaire le 16 novembre prochain.
Un cerveau bien connu du système
Marie Madeleine Mbourantsuo, ancienne présidente de la Cour constitutionnelle et surnommée "la Dame de fer" du Gabon, n’est pas une inconnue dans les arcanes du pouvoir. Après avoir orchestré et validé la majorité des décisions constitutionnelles sous Omar et Ali Bongo, elle revient aujourd'hui sur le devant de la scène politique avec un rôle déterminant dans la rédaction de la nouvelle constitution.
Selon des informations proches du CTRI, la première version du texte constitutionnel, qui avait fuité en septembre, avait été rédigé sans l’aide de « MMM ». Cependant, face aux critiques et aux réticences populaires, il a finalement décidé de faire appel à ses talents pour garantir un texte plus acceptable auprès de la population et des anciens alliés du régime.
Mais une question se pose : quel changement réel peut-on espérer lorsque c'est l'une des principales architectes des années Bongo qui écrit la nouvelle feuille de route politique du pays ?
Oligui : du neuf avec du vieux ?
En s'entourant de personnalités comme Mbourantsuo, Oligui semble jouer une carte risquée. En effet, si la population attendait un véritable renouveau après la chute de la dynastie Bongo, les signes de continuité sont de plus en plus évidents. Après l’alliance avec le PDG, l’ex parti d’Ali Bongo, qui a choqué jusqu’aux plus fidèles du général putschiste, reprendre les anciens du système pour construire un avenir différent semble désormais être devenu la marque de fabrique de cette « transition ». Et l'implication directe de Mbourantsouo dans la constitution du nouveau régime ne fait que renforcer cette impression.
Cette dernière avait vivement été critiquée pour son retour récent à la Cour constitutionnelle après la prise de pouvoir d’Oligui. Les critiques avaient alors fusé : comment un véritable changement peut-il émerger si ceux qui ont supervisé les précédents abus politiques sont aux commandes des réformes ? Aujourd’hui, cet épisode ne fait que confirmer les craintes de l’époque.
Une constitution, mais quel changement ?
Le problème majeur reste la perception populaire. Utiliser une figure aussi emblématique du régime Bongo pour façonner l'avenir du Gabon risque de saper toute tentative de légitimité du nouveau gouvernement. Certes, Mbourantsuo possède une expertise constitutionnelle inégalée, mais ses choix passés, ses liens, son « pedigree », en font un symbole de la stabilité oligarchique plutôt que d'une transformation démocratique. Peut-on réellement espérer du changement quand ce sont les mêmes têtes qui tiennent la plume ? Oligui, en souhaitant calmer les tensions, pourrait bien creuser sa propre tombe politique.
Alors que le Gabon s'apprête à voter sur cette nouvelle constitution, beaucoup se demandent si ce texte marquera une véritable rupture ou si, au fond, il ne s’agit que d’un simple relooking d’un système qui se régénère, une fois de plus, une fois de trop. Quelle sera la prochaine étape ? La nomination de Noureddine Bongo comme directeur de cabinet d’Oligui ? Le peuple Gabonais peut maintenant s’attendre à tout.