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Article: Rappel de salaires débloqués : ou comment acheter les Gabonais avec leur propre argent, tout en creusant davantage la dette de l'État.

Gabon 2025
fonctionnaire

Rappel de salaires débloqués : ou comment acheter les Gabonais avec leur propre argent, tout en creusant davantage la dette de l'État.

Comme annoncé la semaine dernière, à quelques jours du référendum, le gouvernement gabonais débloque les arriérés de salaires pour des dizaines de milliers de fonctionnaires qui étaient dans l’attente depuis plusieurs mois.

Impossible de ne pas y voir une manœuvre opportuniste évidente pour apaiser les colères et influencer le vote de samedi.

À quelques jours seulement d’un référendum crucial, et après la fuite documentaire de la semaine dernière, le gouvernement gabonais a annoncé le paiement des arriérés de salaires pour des milliers de fonctionnaires et de retraités. Si cette décision pourrait paraître louable, elle soulève bien plus d’indignation que de soulagement. Ce déblocage inattendu, après des mois de silence et de promesses non tenues, ressemble davantage à une manœuvre de dernière minute pour influencer l’opinion publique, achetant en quelque sorte la faveur des électeurs. La manipulation est trop visible : des arriérés, bloqués durant des mois, sont soudainement versés au moment où les voix de ces mêmes fonctionnaires deviennent un enjeu stratégique.

 

://x.com/Mpagm2014/status/1856493467402166632

https://x.com/Mpagm2014/status/1856493467402166632

https://x.com/Mpagm2014/status/1856493467402166632

Des mois de misère imposés aux agents publics


Depuis des mois, les agents publics gabonais attendaient désespérément le versement de leurs arriérés. Pendant cette période, ils ont subi des retards injustifiés, luttant pour subvenir à leurs besoins quotidiens dans un contexte économique difficile. Nombre d'entre eux avaient déjà abandonné tout espoir de voir leur dû. Selon le document officiel du ministère des comptes publics, 36,1 milliards de FCFA sont aujourd’hui débloqués pour 37 139 bénéficiaires, dont des agents en activité, des retraités, et des ayant-droits d’agents décédés​.
Pourquoi alors ces fonds n'ont-ils pas été débloqués plus tôt, permettant aux agents de maintenir un niveau de vie décent ? Cette soudaine générosité, à l’approche d’un scrutin décisif, apparaît surtout comme une stratégie politique bien orchestrée, visant à apaiser les frustrations et, surtout, à orienter le vote de ceux qui en bénéficieront.


Un timing politique impossible à ignorer


La proximité du référendum rend cette décision encore plus suspecte. Pendant des mois, le gouvernement a affirmé que les caisses étaient vides, justifiant ainsi le blocage des paiements. Or, à mesure que le référendum approche, comme par magie, ces fonds apparaissent soudainement disponibles. Cette précipitation à distribuer les arriérés ne peut être vue autrement que comme une tentative d'achat de voix. Les agents publics, qui jouent un rôle crucial dans le scrutin, deviennent ainsi des cibles privilégiées de cette manipulation. En les soulageant momentanément, le gouvernement espère sans doute atténuer les critiques et sécuriser des votes favorables, au lieu d’assumer pleinement sa responsabilité dans leur situation.


Les révélations de Gabon2025 sur cette manœuvre confirment également ce sentiment. Les observateurs soulignaient la semaine dernière que l’annonce, via un fichier Excel circulant sur Whatsapp, du paiement des arriérés était avant tout une "fuite orchestrée", destinée à rassurer, malgré l’insuffisance réelle des fonds publics pour assurer un versement durable et équitable​. Au lieu de prendre des mesures pérennes pour sécuriser les finances de l’État, cette dépense rapide et mal planifiée risque d’aggraver encore davantage la situation économique du pays une fois le référendum passé.

 


Manipulation politique et mépris des agents publics


Ce paiement de dernière minute, loin d’être une mesure de justice sociale, reflète un mépris pour les agents publics gabonais. En plongeant des milliers de familles dans des mois de précarité, pour finalement relâcher ces fonds au moment où le soutien électoral devient nécessaire, le gouvernement expose un calcul politique cynique. Ce déblocage précipité ne résout en rien les difficultés structurelles de gestion des finances publiques ; il sert uniquement d'outil de manipulation.

En fin de compte, cette distribution, à la veille d’une échéance aussi importante, donne une impression d'achat de soutien et met en lumière une administration plus soucieuse de ses intérêts politiques que de la stabilité et du bien-être de ses citoyens. Les Gabonais sauront-ils discerner la manœuvre derrière cette générosité apparente et prendre position contre ce jeu de pouvoir au moment du vote ?

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