François Ndong Obiang écarté de Réagir pour avoir soutenu le « oui » au référendum, entre corruption et favoritisme ethnique
Le parti gabonais Réagir traverse une crise majeure après la destitution de son président François Ndong Obiang. Accusé de décisions unilatérales et de soutien controversé au référendum constitutionnel proposé par le chef de la transition, Oligui Nguema, Ndong Obiang fait face à des critiques de la part de son propre Bureau exécutif, qui le désavoue ouvertement.
Un soutien au référendum qui a fâché le Bureau exécutif
Le 24 octobre 2024, une vidéo officielle publiée par le parti Réagir a révélé la fracture interne au sein de cette formation politique gabonaise d'opposition. Le Bureau exécutif du parti, dirigé par Guy Roger Aurat Reteno, a officiellement écarté François Ndong Obiang, l’accusant de trahison pour avoir soutenu le référendum constitutionnel. Cette décision a été prise suite à une série d'initiatives que le Bureau jugeait « unilatérales » et incompatibles avec les valeurs du parti, qui avait adopté une position de neutralité face au Comité de transition et de restauration des institutions (CTRI) dirigé par Oligui Nguema.
Les tensions avaient commencé plus tôt lorsque Ndong Obiang a publiquement déclaré son appui au référendum, une prise de position en décalage avec l'opposition de Réagir aux initiatives de la transition actuelle. Le secrétaire exécutif adjoint Joseline Afouari Obouono a notamment souligné dans la déclaration que Ndong Obiang, sans consulter le Bureau, avait soutenu la réforme constitutionnelle encore non publique à l'époque, un acte perçu comme une prise de position personnelle contraire aux statuts du parti.
Accusations d’influence ethnique et de corruption
La décision de Ndong Obiang a suscité des interrogations au-delà de Réagir, notamment concernant ses motivations personnelles et ethniques. En effet, certains observateurs estiment que son appartenance à l’ethnie fang, majoritaire dans le pays et également celle de Nguema, a pu jouer un rôle dans ce soutien inattendu.
De plus, des rumeurs circulent sur un éventuel « achat de soutien », avec des accusations de corruption pesant contre Ndong Obiang, qui aurait accepté des avantages financiers en échange de sa prise de position. Bien que non prouvées, ces allégations de corruption et d'allégeance ethnique reflètent un débat plus large sur l'influence des affiliations communautaires au sein de la politique gabonaise.
Réagir, un parti à la croisée des chemins
Cette crise au sein de Réagir soulève la question de la capacité du parti à rester cohérent et à s’affirmer comme une opposition crédible face au pouvoir. En excluant Ndong Obiang, le Bureau exécutif espère restaurer la confiance de ses partisans et garantir son indépendance vis-à-vis des influences extérieures, notamment celle du CTRI. Les prochaines étapes restent à définir, mais le parti envisage de saisir la justice pour régulariser certaines actions de l’ancien président, tout en appelant ses membres à la retenue et à se rallier aux décisions officielles émanant du siège.
Ce bouleversement laisse le parti à la croisée des chemins : rétablir la discipline ou risquer de perdre en crédibilité en tant qu’opposition cohérente. La direction de Réagir espère tourner la page de cette division interne et retrouver son rôle initial de contre-pouvoir au sein de la politique gabonaise.