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Article: Pourquoi Brice Oligui a-t-il manqué son rendez-vous avec l'histoire ?

Gabon 2025

Pourquoi Brice Oligui a-t-il manqué son rendez-vous avec l'histoire ?

Lorsque Brice Oligui Nguema s’est emparé du pouvoir en août 2023, à la suite du coup d’État renversant Ali Bongo, il incarnait aux yeux de nombreux Gabonais une chance de rupture avec une gouvernance marquée par un régime à bout de souffle. Héros de la transition, Oligui était censé redonner espoir à un pays qui aspirait à une refonte politique profonde. Pourtant, un an après, son bilan soulève de plus en plus de doutes. Les décisions politiques qu’il a prises n’ont pas convaincu, et c’est son alliance controversée avec le Parti Démocratique Gabonais (PDG), parti d’Ali Bongo lui-même, honni par une large frange de la population, qui vient en point d’orgue clôturer plus d’un an de dégringolade.

 

 

 

 

Le piège de l’alliance avec le PDG : continuité ou trahison ?

L’année écoulée n’a été émaillée que de scandales. La corruption au sein de la SEEG, où les proches du président sont impliqués dans une vaste affaire de détournement de fonds alors que les coupures de courant se multiplient, l’achat de deux avions flambant neufs luxueusement équipés et à usage présidentiel en pleine période de « transition », le favoritisme des Fang rappelant les heures sombres de la division ethnique en Afrique, des affaires de mœurs pathétiques mêlant médias et vie politique, un projet de constitution quasi dictatorial réservant l’accès à la présidence au seul Brice Oligui contesté par toute la population, un voyage à New York digne d’un mauvais film sur la politique africaine… Il ne s’est pas passé une semaine sans que le Président de la Transition soit au centre d’une polémique. 

 

 

Mais l’alliance avec le Parti Démocratique Gabonais, la formation d’Ali Bongo, le même Ali Bongo qu’Oligui accusait de tous les maux au moment du coup d’Etat, est certainement la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Cette alliance a surpris, voire choqué, bon nombre de Gabonais, qui espéraient voir s’éteindre cette formation politique jugée responsable de la stagnation du pays, et décrite par Oligui et les siens comme un vestige du passé à éradiquer il y a quelques mois encore. 

En réalité, l’alliance entre Oligui et le PDG est née d'une nécessité stratégique, car malgré la détestation publique de cette formation, le Président de la Transition a besoin des « éléphants » du parti, de leur appareil et de leur expérience « électorale » pour gagner le référendum à venir. Pour Oligui, assurer une transition sans accroc impliquait de s’assurer le soutien des élites du régime précédent car il se trouve dans une situation incertaine. 

En s’associant au PDG, Oligui a donc scellé son sort : au lieu de se positionner comme le symbole d’une renaissance démocratique, il a réhabilité l'ancien système, brouillant ainsi le message de changement qu’il portait lors de sa prise de pouvoir. Les élections présidentielles anticipées, prévues pour 2025, s’annoncent déjà comme une course biaisée, avec un PDG ressuscité et un paysage recomposé incompréhensible pour le citoyen.

 

 

Oligui a-t-il besoin de l’expertise des truqueurs d’élection ?

Doit-on rappeler le contexte du coup d’Etat de 2023 ? Brice Oligui et les siens accusaient Ali Bongo et le PDG d’avoir manipulé le processus électoral, d’avoir modifié la constitution en faveur d’Ali Bongo en urgence, d’avoir annoncé de faux résultats et d’avoir truqué la totalité des élections ? Ne sont-ce pas ces pratiques qui ont supposément conduit Oligui à prendre les armes pour donner une « respiration démocratique » au pays ? 

Que doivent donc penser les Gabonais, spectateurs de ce théâtre et de ce revirement de situation ? Le PDG n’est-il finalement pas si mauvais ? Ou bien, dans un contexte politique plus que tendu, Oligui a-t-il réellement besoin de l’expertise de ceux qu’il accusait il y a quelques mois à peine d’avoir truqué les élections du pays ? 

 

Mais qui est donc l’opposition ?

Dans ce contexte, où les putschistes s’allient avec les putschés, une seule question vient à l’esprit : qui incarne l’opposition ? 

Alain Claude Billie By Nzé semble vouloir endosser ce rôle mais n’a, selon toute évidence, pas vraiment l’ampleur d’un Albert Ondo Ossa en 2023. Ce même Albert Ondo Ossa semble apparaître plus comme un commentateur qu’un acteur de la vie politique, parfois bienveillant parfois ironique à l’égard de la « transition ». D’autres figures comme Omar Denis Bongo Ondimba, considéré par beaucoup comme l’unique Bongo capable de redresser la situation, semble attentiste voire désintéressé par le scrutin.

Il est triste de le constater, mais les Gabonais qui refusent l’alliance de la carpe et du lapin Oligui-PDG semblent bien orphelins. Cette situation n’augure rien de bon à quelques semaines du référendum dont l’issue est plus qu’incertaine, tant le pays se retrouve divisé et perdu dans une transition entre deux situations tristement identiques. 

 

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