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Article: Après le référendum, Hervé Patrick Opiangha poursuivi : les signes d’une purge politique attendue ?


Gabon 2025
constitution

Après le référendum, Hervé Patrick Opiangha poursuivi : les signes d’une purge politique attendue ?


Quelques jours seulement après le triomphe annoncé du « oui » au référendum constitutionnel, le Gabon semble s’engager dans une dynamique de purge ciblée contre des opposants politiques. Hervé Patrick Opiangha, président de l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (UDIS), est au cœur d’une affaire judiciaire qui suscite de vives interrogations sur ses motivations réelles. Alors que la justice l’accuse d’abus sexuels sur mineure, beaucoup y voient une le début d’une série de neutralisations politiques mise en place par le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Un ciblage politique sous couvert de justice

 

Le 20 novembre 2024, la Garde Républicaine et la Police Judiciaire ont encerclé le domicile d’Hervé Patrick Opiangha. Cette intervention musclée est intervenue malgré le report officiel de sa convocation à la Direction des affaires criminelles, obtenu par ses avocats. Cet acharnement soulève des questions : s’agit-il réellement d’une procédure judiciaire classique ou d’une manœuvre politique visant à faire taire un opposant ? Les accusations supposées envers Opiangha étant connues depuis longtemps, pourquoi ne pas avoir agi avant, lorsque ce dernier était ministre des mines ?


En effet, dès 2022, des journalistes comme Romain Molina alertaient sur ces affaires. Mais jusqu’à récemment, « OPH » était un allié du Président, et les affaires de pédocriminalité ne semblaient pas inquiéter plus que cela les autorités.


Alors que certains médias pointent une instrumentalisation de la justice, un message circulant sur WhatsApp tente de détourner l’attention en insistant sur le caractère privé et ancien des accusations portées contre Opiangha. Selon ce message, ces poursuites n’auraient aucun lien avec ses prises de position politiques, mais découleraient d’un dépôt de plainte de sa femme et de sa fille pour abus sexuels. Cependant, cette tentative de justification contribue paradoxalement à alimenter la théorie d’une purge politique déguisée : la diffusion massive de ces accusations dans un contexte post-référendum semble orchestrée pour discréditer une figure politique opposée au régime en place. D’autant plus que « l’affaire Opiangha » était connue depuis bien longtemps.

Des méthodes qui rappellent d’autres cieux

Les récents événements au Gabon pourraient faire écho aux heures grises de l’Afrique, où les régimes autoritaires justifiaient la répression de leurs opposants sous des prétextes fallacieux. Sous couvert de « moralisation de la vie publique » ou de « lutte contre la corruption », des figures politiques étaient ainsi emprisonnées ou écartées pour renforcer le pouvoir en place.


Dans le cas d’Hervé Patrick Opiangha, les accusations d’abus sexuels interviennent au moment même où l’opposant s’était exprimé contre le référendum aux résultats contestés. Beaucoup y voient une coïncidence troublante, renforcée par l’absence de poursuites similaires contre d’autres personnalités critiques du régime. Si Opiangha est effectivement coupable, pourquoi une telle médiatisation, et pourquoi maintenant ?

Un après-référendum qui s’annonce sans pitié

Alors que le référendum constitutionnel était censé marquer un tournant pour la démocratie gabonaise, les récents événements risquent d’entacher cette ambition. En multipliant les actions judiciaires ciblées, Oligui Nguema envoie un message inquiétant : toute forme d’opposition pourrait être perçue comme une menace à neutraliser. Pire encore, tous ceux qui l’ont aidé dans sa conquête du pouvoir mais qui ne rentrent pas dans le rang tomberont un à un.

 


Qui seront les suivants ?

La répression politique, déguisée en justice, risque d’instaurer un climat de méfiance durable entre les institutions et les citoyens, et beaucoup d’alliés ou ex-alliés d’Oligui pourraient se retrouver dans une situation similaire à celle d’ « OPH ».

Le cas d’Hervé Patrick Opiangha dépasse ainsi largement son aspect individuel. Il illustre les tensions et les atermoiements d’un régime en quête de consolidation. Si les accusations portées contre lui sont avérées, elles doivent être traitées dans le strict respect de la justice, sans instrumentalisation. Cependant, si elles servent avant tout à discréditer un opposant politique, alors le Gabon s’engage sur une voie dangereuse.

Les Gabonais, les acteurs de la société civile et les partenaires internationaux doivent rester vigilants face à ces dérives potentielles. Le pays peut-il réellement se permettre de retomber dans les travers d’un pouvoir autoritaire où la justice devient une arme politique ?

 

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