Marcel Libama : Le militant syndical et défenseur de la démocratie au Gabon
Marcel Libama, figure emblématique du syndicalisme gabonais, est depuis des années une voix critique incontournable, dénonçant aussi bien les dérives du pouvoir en place que les ambiguïtés des réformes institutionnelles. Syndicaliste influent dans le secteur de l'éducation, il s’est imposé comme l’un des défenseurs acharnés des droits des travailleurs, tout en refusant de dissocier son engagement syndical de la lutte pour la démocratie au Gabon. Aujourd'hui, il se trouve à la croisée des chemins, entre activisme syndical et positionnement politique.
Marcel Libama : une figure du syndicalisme
Connu pour son franc-parler et sa capacité à galvaniser les foules, Marcel Libama est souvent décrit comme un « secoueur de cocotier », une image qui reflète son tempérament combatif face aux pouvoirs publics. Depuis plusieurs années, il est l’une des principales voix du Conasysed (Convention nationale des syndicats du secteur éducation), le syndicat des enseignants du Gabon. Sa lutte pour l'amélioration des conditions de travail des enseignants et l'accès à une éducation de qualité en a fait une figure respectée, mais aussi redoutée par le gouvernement. En 2015, Jeune Afrique décrivait déjà Marcel Libama comme un militant tenace, capable de mobiliser les syndicats contre les décisions jugées injustes du gouvernement. À cette époque, il s’opposait farouchement aux réformes du secteur éducatif qui, selon lui, ne prenaient pas en compte les réalités du terrain. Ses critiques, parfois très vives, ont régulièrement conduit à des affrontements avec les autorités gabonaises.
Défenseur de la démocratie dans un contexte de réformes
Au-delà de son engagement syndical, Marcel Libama a pris une place importante dans le débat national sur la démocratie. Alors que le Gabon est en pleine transition politique, notamment avec les discussions sur une nouvelle constitution, Libama est monté en première ligne pour défendre ce qu’il perçoit comme les acquis démocratiques du pays. Selon lui, les réformes proposées par le Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI) doivent être rigoureusement examinées pour éviter toute dérive autoritaire. Dans ce contexte, il a dénoncé ce qu'il appelle une « entourloupe du PDG » (Parti Démocratique Gabonais), estimant que le référendum prévu pour approuver ces réformes ne respecte pas les normes démocratiques. Libama a exprimé ses craintes que cette consultation populaire ne soit qu'un écran de fumée visant à légitimer un processus politique déjà décidé en amont.
La lutte contre les disparitions et les intimidations
L’un des événements récents qui a mis Marcel Libama sous les feux des projecteurs est la disparition inquiétante de deux membres syndicaux de l’éducation. Libama et ses camarades syndicalistes ont immédiatement réagi en dénonçant la répression systématique dont ils font l'objet. Ces disparitions, survenues dans un climat de tension, ont ravivé les débats sur les méthodes de gestion du pouvoir en place et la protection des droits des militants. En mars 2024, lors d’une interview relayée par RFI, Libama exprimait sa colère face aux intimidations et aux actes de harcèlement contre les syndicalistes. Il rappelait que, malgré les tentatives de répression, il ne compte pas faiblir dans sa lutte pour la justice sociale et la démocratie au Gabon. Pour lui, la disparition de ses camarades est une attaque directe contre le mouvement syndical, une menace claire visant à décourager toute forme de contestation.
Refus du dialogue social : la ligne rouge
En 2019, Marcel Libama a boycotté le dialogue social proposé par le gouvernement, arguant qu’il s’agissait d’une tentative pour diviser le mouvement syndical et pour éviter de véritables réformes. Lalibreville avait alors rapporté ses propos, où il insistait sur la nécessité de ne pas confondre syndicalisme et politique. Pour Libama, le dialogue proposé n’était qu’une manœuvre pour désamorcer les revendications, sans s’attaquer aux problèmes de fond rencontrés par les enseignants et les travailleurs du secteur public. Cette position intransigeante lui a valu des critiques, même au sein de la société civile, certains estimant qu’il aurait pu obtenir des concessions en participant à ce dialogue. Toutefois, pour Libama, accepter de s’asseoir à la table du gouvernement dans ces conditions revenait à légitimer un processus biaisé, sans garanties de résultats concrets.
Une vie marquée par les interdictions
En janvier 2020, Marcel Libama a été empêché de quitter le Gabon, une mesure qui semble s’inscrire dans une série d’intimidations à son encontre. Il tentait alors de se rendre à l’étranger pour participer à un séminaire international. Cet événement a suscité une vague de soutien de la part des syndicats et des organisations de défense des droits humains, dénonçant une restriction arbitraire de sa liberté de mouvement. Ce type d'incident illustre les pressions constantes que subissent les leaders syndicaux au Gabon. Pourtant, malgré ces embûches, Libama continue de se battre, convaincu que le changement au Gabon passe par une mobilisation active et intransigeante de la société civile.
Quel avenir pour Marcel Libama ?
Marcel Libama reste une figure emblématique du paysage politique et syndical gabonais. Son parcours, marqué par son engagement sans compromis pour les droits des travailleurs et la démocratie, en fait l'un des acteurs les plus en vue dans le Gabon en transition. S'il doit encore naviguer entre les menaces de répression et les divisions internes au sein des mouvements qu'il défend, il est indéniable que Libama continuera à peser dans les débats politiques à venir. En ces temps de changement, alors que le Gabon tente de redéfinir ses institutions et sa démocratie, la voix de Marcel Libama, celle d’un syndicaliste convaincu et d’un défenseur des droits, résonne avec force dans les rangs de ceux qui espèrent un renouveau politique authentique.