Article: Présidentielle au Gabon : Oligui fixe la date au 22 mars 2025 sous haute pression politique
Présidentielle au Gabon : Oligui fixe la date au 22 mars 2025 sous haute pression politique
La date est tombée : les élections présidentielles au Gabon auront lieu le 22 mars 2025. Une information qui a fuité du palais présidentiel, et qui intervient dans un contexte explosif, marqué par une opposition de plus en plus organisée et une baisse de popularité de Brice Oligui Nguema. Alors que le pouvoir militaire tente de maintenir le cap, l’émergence d’une coalition inédite de figures politiques majeures met en lumière les tensions croissantes au sommet de l’État.
Une opposition qui se structure et force la main du pouvoir
L’accélération du calendrier électoral ne doit rien au hasard. Il y a encore quelques mois, Brice Oligui Nguema et le CTRI semblaient maîtres du jeu, imposant leur rythme et leurs réformes, souvent sans consultation réelle. Mais l’émergence d’un front commun contre la transition militaire a rebattu les cartes.
La conférence de presse de Pierre-Claver Maganga Moussavou, Albert Ondo Ossa, Alain-Claude Bilie-By-Nzé et Ali Akbar Onanga Y’Obégué, qui s’est tenue ce matin, marque un tournant majeur dans la contestation. Pour la première fois, des personnalités aux parcours et aux sensibilités politiques diverses se retrouvent autour d’un même combat : empêcher Oligui Nguema et son entourage de s’accrocher au pouvoir.
Le message qu’ils portent est clair : le CTRI trahit les engagements pris après le coup d’État du 30 août 2023.
Ces dénonciations, couplées à une contestation croissante dans la société civile et la diaspora, ont sans doute contribué à cette annonce soudaine de la date des élections.
Une popularité en berne, un pouvoir fragilisé
Autre facteur déterminant dans cette précipitation électorale : la chute de popularité d’Oligui Nguema. Si le coup d’État avait été accueilli avec un certain soulagement après des années de pouvoir dynastique des Bongo, l’espoir a rapidement laissé place à la désillusion.
Plusieurs événements ont entaché l’image du régime et récemment, le coup de grâce fut l’émergence doutes sur la sincérité du référendum constitutionnel, dont les résultats et la mise en application immédiate ont suscité des critiques.
Dans ce contexte, la présidentielle anticipée pourrait être une tentative d’éteindre les tensions en accélérant la transition. Mais les opposants ne comptent pas relâcher la pression.
Vers une présidentielle sous haute tension ?
L’annonce du 22 mars 2025 pose désormais une question centrale : les conditions d’organisation du scrutin seront-elles transparentes ?
La coalition d’opposition réclame des garanties :
- Un processus électoral encadré par des observateurs indépendants.
- L’interdiction pour Oligui Nguema et les militaires de se présenter.
- Un retour à la Constitution de 1991 pour assurer une base juridique plus stable.
Si ces revendications ne sont pas prises en compte, le climat politique risque de se détériorer encore davantage. Certains voient dans cette date un piège tendu par Oligui pour organiser des élections à son avantage, sans laisser le temps à l’opposition de se structurer pleinement.
Le Gabon entre ainsi dans une période décisive. Cette élection pourrait être l’aboutissement du processus de transition… ou le début d’une crise politique encore plus profonde.